Club 2012 : Des parents noirs qui se sont assurés de la réussite scolaire de leurs fils

Club 2012 : Des parents noirs qui se sont assurés de la réussite scolaire de leurs fils

 

Pendant six ans, leurs parents les ont poussés, secoués et enquiquinés à performer.
Maintenant ces bacheliers afro-américains dans le comté de Loudoun célébraient la fin du lycée avec une cérémonie privée, organisée par leurs parents, également réunis pour bien s’assurer que leurs fils vivaient cette journée de remise des diplômes.

“Durant ces six dernières années, on vous a dit de faire plus, de faire mieux. Nous n’étions jamais satisfaits, n’est-ce pas ?” a dit John Johnson, un père s’adressant aux 18 lycéens vêtus d’une toge et d’un mortier, dans l’auditorium du Lycée Lunsford, à Chantilly.
“Bon, ce soir” a-t-il déclaré, “nous sommes satisfaits”. A travers une présentation de diapositives sur les accomplissements des membres, il mît en lumière : qu’il y a eu 100% de réussite au bac, que 92% d’entre eux avaient suivi les “classes préparatoires de niveau universitaire”, que la moyenne générale frôlait 18,5/20 (équivalent aux USA de 3.7 Grade-Point Average, GPA) et qu’un total de 1,3 millions de dollars en bourse universitaires avait été reçus. Puis il a estimé, sur un ton teinté d’humour, combien de temps en volontariat les parents, assis derrière eux, avaient investis dans leurs succès : 1 171 266 heures.

Le rôle de performeur des parents est souvent minimisé par les nombreuses causes responsables de l’écart racial national en matière de réussite scolaire. Il est parfois considéré comme une distraction de l’amélioration des faibles performances de l’école et des enseignants. Mais beaucoup de spécialistes affirment que les parents, ou d’autres modèles, sont essentiels à la réussite scolaire des enfants.

Des centaines d’études ont documentés sur comment le nombre d’heures que les parents passent à l’école de leurs enfants et la manière dont ils surveillent l’utilisation de la télévision, peuvent être associés à la réussite scolaire.
Pour les enfants afro-américains, les parents peuvent aussi jouer un rôle crucial dans la lutte contre les stéréotypes, qui les décrit davantage comme des décrocheurs d’école que des majors de promotions.
“Vous devez sortir de votre schéma habituel pour inoculer vos enfants contre la croyance à ces stéréotypes” a dit Ronald F. Ferguson, directeur de l’initiative de l’écart en matière de réussite scolaire, à l’Université d’Harvard, qui élève trois garçons noirs.

[…] Progressivement, les préoccupations se sont faufilées. Dans un comté où seulement 7% des 65 000 étudiants sont noirs, leurs enfants étaient très isolés, avec peu de professeurs ou de camarades semblables. Gabrielle Carpenter, la conseillère d’orientation au Lycée de Tuscarora, est devenue inquiète que son fils ne semble pas voir la race. “On vit dans une société qui voit la race” a-t-elle dit. “Je ne voulais pas qu’il soit naïf ou sous-équipé.”
Au collège, elle et d’autres parents noirs ont réalisés que leurs enfants rataient les cours avancés de math ou les classes d’honneur ou encore perdaient tout intérêt en l’école.

En 2007 ils ont formé le Club 2012 composés de 15 garçons, incluant presque tous les garçons afro américains du collège d’Eagle Ridge.
La stratégie était simple : obtenir la participation des parents, fixer des objectifs scolaires élevés et encourager une pression positive des pairs.
L’exécution a été intensive : ils ont organisés des clubs de devoirs deux fois par semaine à l’école et des rencontres mensuelles au domicile des parents. Ils contrôlaient les notes de leurs fils ainsi que les résultats aux tests, et ont cherchés les causes et les effets possibles dûs à l’écart de réussite scolaire. Ils ont mis en place des ateliers sur des techniques d’études, des protocoles de formation et des sessions de rap père-fils.

Ils ont visité des universités, telles que l’Université de Virginie, l’Université d’Howard, et la Faculté de médecine d’Harvard,  bien avant que le lycée ne commence.
De plus, ils ont collaborés avec les enseignants et le proviseur, en les invitant à des réunions et des évènements.
Au début de l’année scolaire, certains parents ont envoyés des lettres pour présenter leurs fils à leurs nouveaux professeurs, en décrivant leurs personnalités et leurs habitudes de travail, en expliquant qu’ils attendaient “rien de moins que l’excellence” et que le professeur pouvait compter sur leur “soutien illimité”.
Ils ont demandés à ce que leurs fils soient placés dans des classes composées de collégiens noirs. Leur requête a été bien accueillie par les professeurs, dans l’ensemble.
A la fin du collège, leurs fils étaient tous en compétition entre eux afin d’obtenir les meilleures notes, et leur moyenne augmentait.

Lors d’une cérémonie à la fin de collège, Mary Ann Dyce remarqua que les garçons afro-américains recevaient davantage de récompenses comparées aux filles afro-américaines. Elle, qui a créé un groupe similaire au Club 2012 pour les filles, demanda à sa fille des explications. Elle lui répondit :”Je pense que cela a un rapport avec le Club 2012”.

Les garçons n’ont pas toujours été des membres très enthousiastes.
“C’était en quelque sorte fatiguant, d’être honnête, de rester sur la ligne droite, d’avoir toujours quelqu’un sur son dos” disait Cameron Molina, un membre du club, bachelier depuis mardi dernier, du Lycée Tuscarora.
Cameron se rappela  d’avoir essayé en vain de cacher les mauvais notes de ses parents et fut embarrassé quand son père trouva que le planificateur de devoirs, distribué par l’école, était trop léger — il acheta à Cameron un épais planificateur universitaire puis lui a donné son argent de poche, d’après tous les devoirs et les rencontres que Cameron y avait inscrits.

Malgré l’exigence de ses parents, il découvrit que d’autres enfants du club vivaient une situation bien pire que la sienne, surtout en grandissant.
Chris Holoman n’avait pas le droit de regarder la télévision durant les soirs de la semaine. Tout le monde savait qu’il ne fallait pas embêter “TC”, Tom Cater, le père d’Alex. C’est un cornerback de l’équipe de football américain des Redskins de Washington, qui imposa des couvre-feux stricts et laissait rarement son fils Alex dormir chez des amis. […]

 

Lien de la version originale de l’article :

http://www.washingtonpost.com/local/education/club-2012-black-parents-who-made-sure-their-sons-succeeded-in-school/2012/06/13/gJQAnEdZcV_story.html

Traduction Yasmyn Camier
19 juin 2012