J’accuse
J’accuse
Ce texte me tient à cœur plus que tout. Il concerne notre avenir.
Voilà, on leur a pris le pain de la bouche, on a tout dilapidé, la nature en premier, le grenier est vide, et maintenant, on les prend comme des monstres.
Qui a fait ces monstres ?
Chers adultes un chien ne fait pas un chat.
Nous n’avons pas transmis ce que nos parents nous ont légué et les enfants perdus, appelés racailles, bandes de barbares, que l’on met dans des prisons, sont les fruits de notre éducation. Les seuls responsables, ce sont nous, les adultes, les citoyens de ce pays. Ce n’est pas aux politiques, ces malhonnêtes, manipulateurs, ni aux policiers de remettre sur la bonne voie ces enfants perdus. Regardez bien autour de vous : dans les trois quarts des familles, on dirait que les enfants sont les parents, ils décident de tout, on les laisse faire ce qu’ils veulent, plus d’éducation, pas de moral, ces gamins sont livrés à eux-mêmes. Les parents ? Des adultes malades qui ont besoin de psy, qui couvrent leurs enfants de mon chéri, ma chérie, mon cœur, que des mots qu’ils ont besoin d’entendre eux-mêmes. Un enfant a besoin de douceur et de justesse, dans l’éducation, il faut être à la fois dur et tendre.
Notre responsabilité depuis la naissance jusqu’à l’âge adulte, oui, c’est de les chérir, de les nourrir, de les laver, de leur apprendre à se laver, de les vêtir et de leur apprendre à s’élever. Si nous avons des devoirs envers eux, ils en ont envers nous, le respect sera réciproque. Ils ont des devoirs et nous avons des devoirs.
L’éducation commence à l’intérieur de la maison. Les gamins qui toisent dans les rues, répondent d’une manière agressive et prêts à balancer un coup de point dans la gueule, le font chez eux avant de le faire dehors. Si vous ne le savez pas, l’habitude est une seconde nature.
Aujourd’hui on voit et entend des professeurs pleurnicher parce qu’un gamin de 11 ans vient de leur casser la gueule. Non ! C’est grave, triste et nul.
Laissez des gamins comme ça, filez droit à leur perte est un crime. C’est à nous tous de remettre l’ordre dans la rue, dans les quartiers, partout où l’on rencontre des types de comportements intolérables et dire non. C’est à tous les adultes de prendre leurs responsabilités pour ne pas sacrifier toute cette génération perdue. Ces gamins sont victimes d’injustices, d’incompréhensions et de l’égoïsme de notre société. Ces graines qui germent depuis maintenant 10 ans ont commencé à être semées dans notre pays depuis plus de 20 ans. Les politiques ont abusé du peuple. Le peuple a laissé faire, a démissionné et aujourd’hui les révoltes viennent des plus jeunes. Oui, ils sont aigris, oui, ils sont malades, oui, ils sont perdus, et tout cela, c’est la faute des aînés.
Cela me rappelle en 1991, Youssef Khalif, abattu par les fics à Mantes la Jolie. Lors du procès au tribunal de Versailles, j’ai passé trois jours et deux nuits avec la MIB et l’AGEN, trois dures journées sous la pluie en attendant le verdict. Le jour du verdict vers 20h30, les policiers étaient acquittés. Moins d’une demi-après l’annonce, ils sont sortis du tribunal dans leurs voitures, girofards allumés, klaxons, et sont passés devant nous en nous faisant un bras d’honneur. Ce début de soirée là, j’ai vu la haine dans le regard des jeunes qui m’entouraient et là j’ai commencé à crier, à les calmer, à leur dire non, ne répondons pas à ces provocations là. Ces jeunes militants qui représentaient les trois quart de la mobilisation sont aujourd’hui des pères de famille. J’espère de tout mon cœur qu’ils n’ont pas oublié cette soirée et qu’ils en parleront à leurs enfants avec une bonne analyse, sage et constructive. Répondre au coup de pied de l’âne c’est se mettre à son niveau.
L’Etat a promulgué des lois pour enfermer les jeunes à partir de 13 ans. La majorité des jeunes appelés délinquants sont issus de familles précaires et la précarité contrairement à ce que veulent nous faire entendre les politiques ne touche pas que les minorités noires ou arabes. Elle touche de très nombreuses familles françaises de souche. Sans exagérer, la France compte plus de 15 millions de personnes précaires, et 80% des bandits en herbe viennent de ces milieux défavorisés.
Aujourd’hui on en est au stade de l’auto-flagellation, les victimes se bouffent entre elles et les bourreaux se frottent les mains. Depuis un certain temps, on perd les enfants d’une manière puissance 2, rappelez vous de l’affaire Fofana et de ce groupe qui a assassiné Ilan Halimi. Quelle horreur ! Quelle folie ! Et tout cela découle de la mauvaise gestion de notre société.
Assez ! Ca suffit ! Il est tant que nous prenions nos responsabilités en ne laissant pas l’avenir de nos enfants être géré par la classe dirigeante. Ces derniers protègent bien leur progéniture. Et c’est très simple à faire : rendons à nos enfants ce que nos parents nous ont donné. Trouvez-vous normal qu’un enseignant qui corrige un de ses élèves se trouve devant les tribunaux ? Qui de ma génération n’a pas reçu de corrections quand il était petit, par son maître ou son professeur, parce qu’il a dérogé aux normes ? Notre monde est devenu complètement disjoncté.
Moi qui écrit ce texte, je ne reste jamais assis dans le métro quand un aîné est debout devant moi, jamais je ne passe une porte et la laisse se refermer sur celui qui est derrière, et encore mieux, j’évite de hausser le ton devant mes aînés.
Les parents de ces enfants sont considérés de fait, et jugés dans leur attitude, comme si leurs propres parents leurs avaient donné une mauvaise éducation. Ce qui à mon sens, est complètement faux. La dégradation a commencé quand les jeunes qui ont eu 20 ans en 68 sont devenus des parents.
Maintenant, l’heure est grave. Il est urgent de redresser la barre. Sinon, dans moins d’un quart de siècle, la société sera sans dessus dessous.
Essayons de donner des rêves à nos enfants, des projets, nous n’avons pas le droit de laisser cette situation continuer.
J’aimerais bien pour ce texte, avoir des propositions concrètes pour essayer de mettre en place partout dans le pays, loin de toutes organisations politiques et de toutes subventions, des lieux de réflexion et d’action pour sauver le bien qui nous est le plus précieux. Que pour une fois, nous prenions nos responsabilités et comptions sur nos propres forces.
Bamba Gueye Lindor
Le 12 mars 2010-03-12