Comment la France aime brûler ses stars du sport

Comment la France aime brûler ses stars du sport

L’équipe de France a perdu contre l’Afrique du Sud après avoir implosé. Certains le pressentaient mais gardaient espoir. La Fédération française de football va se pencher sur cette infortune. Certains y laisseront des plumes. Des joueurs mais aussi les dirigeants de la fédération et la direction technique nationale.

A mon avis, le mal est plus profond et concerne toute l’élite sportive française. Vous allez comprendre.

Dés lors qu’un français obtient un trophée prestigieux avec l’admiration et l’enthousiasme de la population, tout un système se met en place pour en faire une star, un demi dieu.

Contrats publicitaires mirifiques, émissions de télé, séances photos, interviews, contacts avec des personnalités en vue. Si, en plus, ce devenu pipole est glamour, vous imaginez le tableau.

 

En général, la star du sport va grimper rapidement au firmament de la notoriété. Tout se passe bien tant que les résultats suivent : champion d’Europe, champion du monde, champion olympique avant un deuxième titre européen, ou mondial ou olympique.

 

Dans ce cas, c’est du pain béni pour tout le monde : la star, le public, et tout le business qui gravite autour.

 

Durant son vol, la célébrité du sport devenue dieu a droit à quelques incidents de parcours, quelques contre-performances qu’elle surmontera avec le courage qu’on lui suppose. On suppute avec  indulgence que ses ailes sont intactes, juste un peu fatiguées. Cela fait vendre du papier par le suspens intenable savamment entretenu : Se sortira-t-elle de ce mauvais pas ?

 

On fouille alors les poubelles de la vie privée, on sort des articles abracadabrantesques où le moindre geste, la moindre parole de la star est analysée, décortiquée avec la minutie d'un médecin légiste. Si la star renoue avec le succès sportif alors on oubliera.

 

Mais si ce dieu des temps moderne faillit de façon durable, alors s’applique le théorème d’Icare. Ne cherchez pas je viens de l’inventer. Il s’établit comme suit.

La chute dans les ténèbres du déshonneur est proportionnelle à la plus grande hauteur atteinte au cours de la carrière sportive. Pas mal hein ? Je sais, c’est d’une évidence accessible à un enfant de huit ans.

Le théorème d’Icare s’applique aussi aux mathématiques financières.

Plus la chute est forte et spectaculaire, plus le profit est grand pour le business des médias qui savent mieux que personne souffler sur les braises pour être à la fois ceux qui annoncent, décrivent la chute avec force détails tout en faisant mine de la regretter.

 

Des exemples de stars qui se sont "scratchées" sur le plan médiatique après avoir tout gagné : Marie-José Pérec et Laure Manaudou. Les médias se sont acharnés sur elles, au point qu’elles durent  quitter la France pour poursuivre leur carrière et effacer leur déconvenue…

 

D’autres en ont été victimes mais ont réussi à rebondir, à sauver leur âme dans une reconversion réussie. Par exemple : Yannick Noah et Alain Prost.

 

L’équipe de France de football fut au firmament à deux reprises puis, en quatre ans, la chute lente mais inéluctable. Entre temps, trois entraîneurs et des joueurs stars à la retraite. Mal remplacés ? Malgré cela, on a cru que l’équipe de France était restée invincible, qu’elle était immortelle, protégée des dieux. Du moins on a tout fait pour le laisser croire. La propagande battait son plein, il fallait que les temps de cerveau restent disponibles dans l’euphorie de combats épiques et des victoires. Le bonheur aime s’exprimer dans la consommation.

 

Il fallait bien continuer le business…