NIGER: les puits remplis par les bouteilles Volvic
NIGER: les puits remplis par les bouteilles Volvic Pour la deuxième année consécutive, la marque d'eau minérale s'associe à l'Unicef pour permettre aux habitants du Sahel d'être approvisionnés en eau potable. |
Un joli coup de pub qui permet d'augmenter les ventes tout en améliorant le sort de populations démunies au Sahel. Pour la deuxième année consécutive, la marque Volvic (groupe Danone) a lancé l'opération «Un litre acheté, dix litres puisés» à grand renfort de promotion (sur une chaîne de télévision, un quotidien national et plusieurs titres de la presse régionale). Le mécanisme est simple : en achetant un pack d'eau minérale entre le 15 février et le 15 juin, le consommateur français finance des programmes d'adduction en eau potable au Niger, le pays le plus pauvre au monde, selon le classement établi par l'ONU. L'entreprise a prévu d'octroyer 500 000 euros à l'Unicef qui, sur place, fore des puits et forme le personnel chargé d'entretenir les réseaux d'adduction d'eau.
«Initiative». Les besoins du pays sont massifs : selon les estimations de l'ONU, 50 % de la population du Sahel n'a pas accès à l'eau potable. «Je me souviens de cette petite fille qui m'a demandé ce qu'il y avait dans la bouteille d'eau minérale que je tenais à la main : elle n'avait jamais vu une eau aussi claire», raconte Pierre Sicard, dont l'association Rama mène plusieurs projets humanitaires dans la région de Zinder. Une zone où l'opération Volvic-Unicef va justement se concentrer cette année avec l'objectif de fournir à terme de l'eau potable pour 45 000 habitants. Le groupe Danone a promis de poursuivre jusqu'en 2009 son programme au Niger. Mieux, il assure que «l'enjeu majeur du programme est de construire des puits au Niger et d'en assurer l'entretien pendant quinze ans».
«C'est une initiative astucieuse, reconnaît Julien Clémençot, de l'association SOS-Sahel. Le public fait un geste tout en consommant un produit habituel.» Sans surcoût pour le client puisque le prix de la bouteille reste inchangé. La marque s'y retrouve aussi : les fonds octroyés à l'Unicef, explique l'un des responsables de Volvic, Grégoire Pouchkine, sont prélevés à l'avance sur le budget marketing de l'entreprise. La marque s'y retrouve : l'an dernier, elle a augmenté ses parts sur le très concurrentiel marché des eaux minérales, passant de 8 à 8,8 %.
«Corvée d'eau». Seule voix discordante, l'ONG Terre des hommes regrette «la promotion de l'achat de bouteilles qui contribuent à la pollution de la planète». Et d'ajouter : «Nombre d'entreprises octroient des dons à des ONG, via des fondations, sans faire forcément la promotion de leurs produits.» Un bémol qui a le don d'exaspérer le président d'Unicef-France, Jacques Hintzy : «C'est une réaction intellectuelle, dit-il. Ce qui m'importe, c'est que les enfants du Niger ne meurent plus de maladies diarrhéiques en absorbant de l'eau croupie, que les filles ne soient plus astreintes à la corvée d'eau et qu'elles puissent aller à l'école.»
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