L'eau, la source de développement
L'eau, la source de développement Chants, danses, musique… C’est jour de fête à Attantané ! Ce lundi 29 janvier 2007 est une date historique pour ce village rural du Sud Niger. Pour la première fois, de l’eau potable va jaillir d’un forage flambant neuf. C’est le début d’une ère nouvelle pour ses habitants, à quelques jours de la journée mondiale de l’eau.
A l’échelle de la planète, plus d’un milliard de personnes consomment tous les jours, une eau insalubre. Et 2,6 milliards sont privées des installations d’assainissement les plus élémentaires. Dans un pays comme le Niger, seulement 40% de la population bénéficie d’une eau salubre. C’est-à-dire une eau propre à la consommation et accessible en moins de 20 minutes de marche.
Les 2 000 habitants d’Attantané sont regroupés à proximité de leur nouvelle source de vie. Autour de leur maire, de leur préfet mais aussi de représentants de l’UNICEF et de Volvic, une marque du groupe Danone qui, en France, commercialise de l’eau en bouteilles.
En 2006, ses représentants se sont engagés auprès de l’UNICEF pour améliorer l’accès à l’eau potable dans la région de Maradi au Niger. C’est l’opération 1 litre – 10 litres. Concrètement, 1 litre vendu en France permet de puiser 10 litres d’eau potable au Niger. Comme nous le précise Grégory Pouchkine, qui représente Volvic France, lors d’une visite sur le terrain, « cela nous a permis d’équiper 6 villages avec des adductions en eau potable. Soit un accès à une eau salubre pour 16 000 personnes pendant 15 ans. Mais le programme consiste aussi à mettre en place une organisation au sein des villages en coopération avec les autorités locales. Et faire en sorte que les activités économiques se développent autour ».
L’opération sera renouvelée jusqu’en 2009. Dans chaque village, trois à cinq bornes fontaines sont installées. A Attantané, le premier robinet est ouvert par Véronique Jannot, une actrice française, marraine de l’opération.
5 à 6 heures par jour pour… une eau insalubre
Ce geste symbolique marque vraiment le début d’une nouvelle époque pour ce village où l’accès à l’eau était un combat quotidien. Un fardeau pour les femmes et les jeunes filles, chargées, par tradition, de cette corvée. Avant l’arrivée des bornes fontaines, elles y consacraient en moyenne 5 à 6 heures par jour, pour ne trouver en plus, qu’une eau insalubre.
Le plus souvent, l’eau est potable à la source. Mais c’est toute l’activité autour du puits qui va la souiller. La présence des animaux et l’incessant va-et-vient des cordes qui maintiennent les seaux. Tirées à bout de bras, elles traînent sur le sol avant de replonger au fond… avec tout un cortège de parasites et de souillures.
Voilà comment chaque année, dans le monde, l’eau tue plus d’un million et demi d’enfants. Soit 4 200 par jour ! Ces enfants sont victimes le plus souvent de diarrhées. La plupart sont issus des pays en développement. Comme le Niger, où plus d’un petit sur quatre décède avant l’âge de cinq ans.
A quelques centaines de kilomètres d’Attantané, le village de Guidan Gazobi, lui, a déjà entamé sa révolution. Le tournant, ce fut l’installation d’un puits en 1992. Avec des conséquences qui vont bien au-delà de la simple installation de points d’eau à proximité des habitations… Sur la santé des enfants d’abord avec les maladies diarrhéiques qui ont pratiquement disparu. Mais aussi celle des femmes. La mortalité maternelle a considérablement diminué.
Au delà de l’aspect sanitaire, l’arrivée de l’eau a libéré du temps dans la vie des femmes. Du temps pour s’occuper des tâches domestiques, pour veiller sur les enfants, pour aller aux champs, récolter et piler le mil, pour préparer les repas et enfin, pour se consacrer à l’éducation. Quant aux jeunes filles elles vont désormais à l’école. Une école elle aussi alimentée en eau potable, où des cours d’hygiène sont donnés.
On y apprend à se laver les mains avec de l’eau et du savon. Après chaque passage aux toilettes. Un geste qui doit également être répété plusieurs fois au cours de la préparation des repas. A chaque fois en fait, qu’on passe d’un aliment à un autre.
Des répercussions sur la santé, l’éducation et l’économie locale
Comme le résume Arsène Azandossessi, responsable du Bureau Unicef de Maradi, « l’arrivée de l’eau dans un village marque vraiment le début de son développement. La santé et l’éducation s’améliorent. Le village se stabilise ». Et comme l’eau est payante, son économie s’en trouve aussi bouleversée. Tout un processus est alors enclenché avec la création de métiers de fontainiers, de maçons. Mais aussi des associations d’usagers d’eau… Chacun paie en fonction de ses moyens. « C’est très important » insiste Arsène Azandossessi. « Car si on ne paie pas l’eau on ne peut pas réparer les pannes. La vente de l’eau permet d’inscrire le forage dans la durée ».
D’ici 2015, l’objectif fixé par l’ONU est de réduire de moitié le nombre de personnes qui dans le monde, n’ont pas accès à l’eau potable. Sous l’impulsion de l’aide internationale, des programmes similaires sont en place dans bien d’autres pays que le Niger. Au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Rwanda ou en Ethiopie.
Par exemple, dans ces pays, moins de la moitié des ruraux dispose d’eau potable. Ainsi en décembre dernier, une coopération Union européenne-UNICEF a-t-elle été mise en place pour alimenter en eau, d’ici 5 ans, 1,4 million d’Ethiopiens. En Côte d’Ivoire, un autre programme vise à maintenir et à améliorer l’accès à l’eau potable dans 4 régions du pays. Objectif : réparer plus de 1 000 pompes qui dans différents villages sont en panne et laissées à l’abandon. Dans ces pays comme dans bien d’autres, le prochain défi de l’UNICEF, sera de développer les réseau d’assainissement. Une nouvelle étape, qui demandera là encore du temps et de l’argent.
Mais l’obstacle n’est pas insurmontable. Dans la région Afrique du Nord - Moyen Orient de l’UNICEF par exemple, le Maroc, l’Egypte et la République arabe Syrienne ont affiché ces 15 dernières années, les progrès les plus percutants en termes d’accès à des installations d’assainissement. Tous ces pays affichent aujourd’hui un taux de couverture compris entre 70 % et 90%.