Les 137 mesures de Sarkozy pour l'outre-mer accueillies froidement par le LKP

Les 137 mesures de Sarkozy pour l'outre-mer
accueillies froidement par le LKP

Le leader du collectif, à l'initiative de la grève générale en Guadeloupe début 2009, estime que le catalogue de mesures annoncé par le chef de l'Etat, à l'issue du premier Conseil interministériel dédié à l'outre-mer, "n'est basé que sur l'ancrage de la domination coloniale que nous subissons".

 

Pour voir l'intervention complète de Nicolas Sarkozy :

http://www.elysee.fr/webtv/premier-conseil-interministeriel-de-l-outre-mer-palais-de-l-lysee-video-3-1405.html

Le leader du LKP, Elie Domota, qui avait mené la grève générale enGuadeloupe il y a dix mois, a estimé vendredi soir 6 novembre, que "tout le discours" prononcé dans la journée par Nicolas Sarkozy sur l'outre-mer, "n'était basé que surl'ancrage de la domination coloniale que nous subissons". En revanche le président PS du conseil régional de Guadeloupe Victorin Lurel a "accueilli très favorablement la volonté du chef de l'Etat d'engager une relation rénovée entre l'outre-mer et la République", tout en restant prudent. Les deux hommes réagissaient aux 137 mesures annoncées vendredi par Nicolas Sarkozy lors du premier Conseil interministériel dédié à l'outre-mer.


Des mesures destinées à "renforcer la position de l'Etat"


S'adressant à un peu moins d'un millier de personnes, selon l'estimation d'un journaliste de l'AFP, réunies devant le Palais de la mutualité à Pointe-à-Pitre où siège le collectif LKP, Elie Domota a affirmé que les mesures annoncées à l'issue du Conseil interministériel dédié à l'outre-mer visent "à renforcer la position de l'Etat dans notre pays".
Selon le leader du LKP, l'institution annoncée par le président de la République d'une Année de l'Outre-mer en 2011 "nous renvoie aux expositions coloniales". "Il a oublié de dire que c'est grâce aux conquêtes coloniales qu'ils sont devenus un grand pays, car elles ont un nom aujourd'hui, c'est crime contre l'Humanité" a ajouté le syndicaliste.
"Nous n'avons pas entendu un mot sur le prix de l'essence, alors qu'il sait très bien que, avec la complicité de l'Etat, Total", opérateur de la raffinerie qui approvisionne le marché antillais et principal distributeur local de produits pétroliers, "nous vole depuis toujours", a affirmé le leader du collectif de 49 organisations syndicales, politiques et culturelles qui avait initié une grève générale de 44 jours en début d'année.
Elie Domota a poursuivi en affirmant que "nous n'avons pas entendu un mot quant à la participation de l'Etat sur les salaires, alors qu'il s'est engagé avec les organisations patronales", minoritaires, signataires d'un accord salarial avec le LKP "à augmenter les salaires de 200 euros net". Selon lui, "l'Etat ne respecte pas, jusqu'à présent, cet engagement".
Le LKP a appelé, lors de ce meeting, à une manifestation le 14 novembre, à l'occasion d'une réunion du Comité de suivi des accords ayant mis fin à la crise sociale, que doit présider Marie-Luce Penchard. La secrétaire d'Etat chargée de l'Outre-mer a été promue vendredi au statut de ministre de plein exercice.

Une " volonté de relation rénovée"


Pour sa part, le président PS du conseil régional de Guadeloupe Victorin Lurelestime, dans un communiqué, que "le président de la République a donné suite à de nombreuses propositions formulées par les élus" lors du conseil interministériel sur l'outre-mer et son "diagnostic sur l'outre-mer a gagné en pertinence", dit dans un communiqué le député socialiste.
Victorin Lurel se dit "prêt à suivre la route que nous avons contribué à tracer car l'impératif est de très vite rétablir la confiance pour relancer notre économie et stopper les destructions d'emplois actuellement à l'oeuvre".
Il relève cependant que "rien n'a été dit de façon précise sur le prix des carburants, sur les finances exsangues des collectivités ultramarines, ni sur le plan de formation des jeunes". Il "renouvelle sa préoccupation quant au fait qu'aucune des mesures annoncées ne figure à ce jour dans le budget 2010".
Les crédits de la mission outre-mer ont été adoptés mercredi soir à l'Assemblée nationale, avant l'annonce des mesures Sarkozy, malgré le vote défavorable des députés PS.
De son côté, le secrétaire national du PS à l'outre-mer Axel Urgin a dénoncé lediscours "décousu et misérabiliste" du chef de l'Etat et "la vacuité des mesures évoquées", sur fond de "reconcentration des pouvoirs" et de "désengagement financier de l'Etat".

Un catalogue de 137 mesures


Nicolas Sarkozy a annoncé vendredi un catalogue de 137 mesures pour le développement de l'outre-mer, à l'issue du premier conseil interministériel concluant les états généraux qu'il avait décrétés en février lors d'une crise sociale sans précédent aux Antilles.
"La crise que nous avons traversée nous a obligés à repenser la relation entre l'outre-mer et la métropole", a déclaré le président de la République à l'Elysée devant un grand nombre d'élus ultra-marins et de représentants du monde économique.
"Nous avons beaucoup travaillé ensemble et nous avons réussi à dégager une feuille de route claire", a-t-il affirmé. Il a souligné que le premier conseil interministériel "n'avait pas pour ambition de régler tous les problèmes de l'outre-mer, ni même de répondre à toutes les préoccupations qui sont remontées des états généraux".

Penchard, ministre de l'Outre-mer


A l'issue de "la plus grande consultation jamais réalisée sur l'avenir des outre-mer", le chef de l'Etat a décidé de faire de la secrétaire d'Etat à l'outre-merMarie-Luce Penchard une ministre à part entière, "auprès" du ministre de l'Intérieur et de l'Outre-mer Brice Hortefeux.
Marie-Luce Penchard, première "domienne" en charge de l'outre-mer au gouvernement, sera secondée par "trois commissaires au développement endogène" aux Antilles, en Guyane et dans l'Océan Indien.
Elle pourra s'appuyer sur des préfets disposant de pouvoirs de substitution étendus en cas de carence des collectivités locales.
Si tel est le cas, les préfets pourront prendre à leur place toute décision liée à un engagement international ou communautaire, à une politique de santé ou d'environnement ou à la gestion d'un établissement subventionné à plus de 50% par l'Etat.

Une seule mesure chiffrée précisément


Mettant l'accent sur "l'égalité des chances", Nicolas Sarkozy a souligné qu'elle passait d'abord par "un Etat local qui ressemble davantage à la diversité du territoire dont il a la charge".
Il a annoncé la constitution d'un "vivier de talents ultra-marins" au niveau interministériel, pour essayer de pourvoir les postes de responsabilité outre-mer avec des Ultra-marins dès que ce sera possible.
Il s'agit "à compétence égale, de favoriser l'affectation des Ultra-marins". Un bilan sera fait au bout de deux ans.
Le contreseing systématique de la ministre de l'outre-mer sera exigé pour tous les postes de chefs de service de l'Etat.
Nicolas Sarkozy a demandé que l'écart entre l'outre-mer et la métropole en matière d'illettrisme soit réduit au moins de moitié d'ici cinq ans .
Il y a du chemin à faire, notamment à Mayotte, futur DOM, où 75% des élèves entrant en sixième ne maîtrisent pas le français.
Sur les 137 mesures annoncées, 71 sont "transversales", intéressant "la plupart" des 12 collectivités ultramarines, dont les 4 DOM (Guadeloupe, Martinique, Guyane et Réunion).
Leurs conséquences financières vont s'étaler sur 5 à 10 ans mais leur première traduction budgétaire interviendra dans le collectif budgétaire de 2009.
Une seule mesure est chiffrée précisément : le programme d'options spécifiques à l'éloignement et à l'insularité des départements français d'outre-mer (POSEIDOM) sera abondé de 40 millions d'euros "dès 2010" pour "permettre la diversification et le développement de filières agricoles".
Les professionnels du tourisme, en grande difficulté, bénéficieront d'un moratoire sur les dettes sociales patronales pendant un an.
D'autres mesures favorisent la relance du logement social, un gros point noir outre-mer, et renforcent le droit de la concurrence, notamment dans la distribution.
(Nouvelobs.com avec AFP)