L’hommage de Lurel à Chavez ne fait pas l’unanimité
L’hommage de Lurel à Chavez ne fait pas l’unanimité
Par LIBERATION (avec AFP)
«Chavez c'est De Gaulle plus Léon Blum.» Le ministre des Outre-mer, Victorin Lurel, qui représentait le gouvernement français aux obsèques de l’ex-président vénézuélien, s’emballait ainsi, aux micros de RTL et d’Europe 1, samedi. Impressionné par la dépouille embaumée qu’il a vue à Caracas, il a trouvé Hugo Chavez «tout mignon, frais, apaisé comme peu(vent) l'être les traits de quelqu'un mort» et a aussi contesté le qualificatif de «dictateur»: «Moi je dis, et ça pourra m'être reproché, (...) que le monde gagnerait à avoir beaucoup de dictateurs comme Hugo Chavez puisqu'on prétend que c'est un dictateur. Il a pendant ces 14 ans respecté les droits de l'Homme.»
L’hommage a surpris. «Choqué» même, à droite et au centre. Plusieurs députés de l'opposition ont dénoncé ces propos et exigé, comme l’a fait l’UDI Yves Jégo «une clarification» du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. Sur la radio de la communauté juive, le député (UMP) Hervé Mariton, renchérit: «On est là, non pas dans une erreur de communication, mais qu’il s’agit d'une faute majeure, d’une faute grave dont il conviendrait que le président de la République, le Premier ministre, s’excusent. (...) J'attends du gouvernement qu’il rappelle que l’exigence de démocratie vaut sur toute la planète et qu’il ne suffit pas qu’un dictateur soit de gauche pour que ce soit un dictateur acceptable.»
«Des propos hallucinants»
Son collègue UMP à l’Assemblée, Christian Estrosi s'est dit «très choqué» et Dominique Bussereau a fustigé «des propos hallucinants»,lui aussi sur son compte Twitter.
La présidente du Medef, Laurence Parisot, a, à son tour, dénoncé, sur France 3, une déclaration «choquante»: «Comment peut-on dire d'un homme qui était un dicateur, un démagogue, qui incarne le populisme dans toute son horreur, puisse avoir les qualités que prétend notre ministre?»
Côté PS, on préfère nuancer les propos du ministre de l’Outremer. Candidate PS à la mairie de Paris, Anne Hidalgo, a jugé, au «Grand Rendez-vous» Europe 1/i-Télé/Le Parisien, «un peu rapide, un peu abusif et excessif» le propos de Victorin Lurel et prédit que le discours sera «corrigé certainement dans la journée». Pour la première adjointe de Bertrand Delanoë, Hugo Chavez «a fait des choses fortes puisqu'il a réduit la pauvreté très fortement au Vénézuela». «Et puis il y a des aspects de sa personnalité que je condamne totalement, notamment ses amitiés avec le chef de l'Etat iranien ou ses positions sur Israël»,ajoute-t-elle.
«Comparaison n'est pas raison comme on dit», résume, de son côté, le socialiste Julien Dray. Mais le vice-président de la région Ile-de-France dit aussi, sur Radio J, comprendre «la colère de Victorin Lurel au regard de la manière dont, en France, le débat sur le bilan de Chavez a été traité. On a senti la haine de classe de ceux qui ne savent pas ce que Chavez a fait pour son peuple.»