Interview de Brother Jimmy:« Il nous faut retrouver la dignité, il nous faut retrouver le respect »

Interview de Brother Jimmy, animateur télé : « Il nous faut retrouver la dignité, il nous faut retrouver le respect »

Propos recueillis par Rodolf Etienne France-Antilles Martinique 25.05.2010

 « Pour que tous les hommes soient ensemble et vivent bien, il faut une réhabilitation, pour chacun » .

Brother Jimmy, à la tête de l'émission guadeloupéenne bworldconnection était en visite en Martinique dans le cadre du Convoi du Mouvement International pour les Réparations. L'occasion d'une rencontre avec un atypique du petit écran...

Philippe Mugerin,Malaak Al Shabazz(fille de Malcolm X),Brother Jimmy,Daniel Nlandu Nganga,David DATIL en tournage à la Martinique
Pouvez-vous nous parler de vos débuts dans l'audiovisuel ?
J'ai débuté sur Canal 10 en 1996, avec une quotidienne consacrée au hip-hop et au reggae dance hall. Le but de l'émission était de mieux faire connaître ces nouveaux mouvements qui naissaient en Guadeloupe. Ces mouvements, je les avais suivis dès leurs débuts à Paris. J'avais moi-même lancé des sounds systems. Ensuite, en 1998, j'ai rejoins l'équipe de RFO Télé Guadeloupe avec « Réel Attitude » , « Réel en mouvement » , puis RFO Radio. J'avais déjà l'idée de bworldconnection dans la tête. Lilian Thuram, que j'ai connu à cette époque et qui est devenu un très bon ami, m'a conseillé de me lancer et j'ai franchi le pas.

Quel est le principe de bworldconnection ?
Nous en sommes arrivés à la conclusion que le Noir n'était mis en valeur qu'à travers le sport et la musique et qu'il s'en satisfaisait. Il s'agissait pour nous de changer cette image et de réaliser des émissions qui permettent de mieux faire connaître la communauté noire internationale, de promouvoir notre culture à tous les niveaux. C'est une manière de dire qu'il est temps d'arrêter de baisser la tête et de se considérer comme des victimes. En fait, il s'agit de mieux se connaître pour mieux s'aimer. Nous tournons partout où des Noirs mènent des actions positives, sans exclusif.

On devine qu'il s'agit là d'un véritable engagement de votre part. Avez-vous parfois le sentiment de défendre une cause ?
Toute l'équipe de bworldconnection pense comme moi : dans le mot émission, il y a mission. Nous envisageons bworldconnection comme une mission. Moi, je viens d'un milieu où les choses n'étaient pas simples, je sais ce que c'est que d'être à part, que d'être différent. Mais, je sais aussi qu'en chacun de nous, il y a quelque chose de positif, de noble et de digne. J'ai eu la chance de côtoyer beaucoup de monde d'autres cultures que la mienne. A force, j'ai fini par me dire que si les autres aimaient leur culture, leur histoire, pourquoi ne pourrais-je pas aimer la mienne. Il fallait pour cela mieux la connaître et mieux la faire connaître.

Justement, dans ce même ordre d'idées, quel est votre avis sur les réparations ?
Je crois à l'harmonie entre les peuples. Et je pense que chaque individu participe au bien de l'humanité. Pour que tous les hommes soient ensemble et vivent bien, il faut une réhabilitation, il faut retrouver la dignité, il faut retrouver le respect, pour chacun.

Parlez-nous de ce documentaire que vous tournez actuellement en Martinique ?
Sachant ce qui se passait en Martinique autour du 22 mai, sachant que c'était le 10e anniversaire du Convoi de Garcin Malsa, avec autant de personnalités invitées, c'était normal que Bworldconnection soit là. L'émission sera diffusée fin juin sur Télé Guadeloupe et sur le net. Contact : www.bworldconnection.com.

« Je ne comprends pas »
« Je ne comprends pas que dans un pays aussi conscient que la Martinique, Télé Martinique ne diffuse pas bworldconnection. Cette émission est diffusée partout, elle est présente sur le net. Au pays d'Aimé Césaire et de Frantz Fanon, il n'est pas normal d'en priver les téléspectateurs. Ici, nous avons toujours été très bien accueillis. C'est la quatrième fois que nous tournons en Martinique. Nous n'avons jamais été diffusés. C'est un appel et j'espère qu'il sera entendu » .
Propos receuillis par Rodolf Etienne