Baptême médiatique difficile pour le nouveau délégué interministériel
Baptême médiatique difficile pour le nouveau délégué interministériel
Nommé en conseil des ministre à la succession de Patrick Karam, mardi dernier, Claudy Siar a été aussitôt rattrapé sur certains de ses propos par Le Canard enchaîné, le Point.fr et toute la blogosphère…
A peine nommé au fauteuil de délégué interministériel, Claudy Siar doit essuyer les plâtres de sa nouvelle exposition. Le Canard Enchaîné et le Point.fr se chargent de rappeler ses amitiés avec Kémi Séba de la Tribu ka (dissoute en 2006) ou Dieudonné, et ses positions communautaristes. L’Elysée a affirmé au Point.fr ignorer cette facette de la personnalité de Claudy Siar. « Siar n’est ni raciste, ni antisémite », assure son prédécesseur Patrick Karam… Quand on a demandé à Claudy Siar s’il était passé à l’UMP, au moment où sa nomination était à l’étude, il répondait : « Mon parti c’est ma communauté. » Militant dans l’âme, Claudy Siar a toujours hurlé avec les loups tant qu’il pensait que ça pouvait servir la cause des Noirs de France et tant pis s’il a pu passer par moment comme Dieudonné ou Kémi Séba pour le « Neg plus ultra ». La prise est belle pour l’Elysée qui cherche à ramener autour de Sarkozy l’électorat ultramarin, voire ce lui de la diversité. On le pensait de gauche et le voilà qui vient compléter la liste des transfuges Besson, Kouchner, Hirsch ou Bockel en acceptant d’être nommé par Nicolas Sarkozy, à 13 mois de la présidentielle. Alors ingrat, déloyal, Siar ? Il n’est pas à un revirement près car son combat reste guidé par une assertion confiée à Brother Jimmy sur Guadeloupe 1re en 2008 : « Tant que l’image négative de l’Afrique sera celle que l’on connaît, elle rejaillira sur tous les Africains, Afro-caribéens, Afro-américains ou Afro-européens. » Il était jospiniste quand Jospin était au pouvoir, chiraquien et proche de Donnedieu de Vabres ensuite sous Chirac. Et même comme producteur et animateur d’Africa Star, quand Laurent Gbagbo, encore président officiellement de la Côte d’Ivoire en mai, lui a concédé 340 000 € contre le million qu’il escomptait, il s’en est pris à son donateur… Aujourd’hui, il rejoint Sarkozy alors qu’il s’en prenait encore à lui, il y a peu : « On ne peut pas créer un schisme au sein de la communauté afro-caribéenne qui nuirait à notre image et serait un pont d’or aux Sarkozy, de Villiers, et autre Le Pen… », déclarait-il à Afrik.com au sujet de la tentative du CRAN de mettre la main sur le 10 mai en 2006. En 2009, pendant la crise LKP, là encore il n’a pas été tendre avec la gestion de la crise par le gouvernement…
« Si on est juste là pour retourner sa veste, c’est pas la peine »
Alors pourquoi l’Elysée a tenu à lui, l’animateur et producteur d’Africa Star et de Couleur tropicale, le patron de Tropique FM (depuis le 14 mai 2007), plutôt qu’un militant comme Serge Romana ou un politique comme Jean-Claude Beaujour ? Et que pourra-t-il faire dans ce si court laps de temps ? La réponse tient en une formule : Claudy Siar est attendu pour émettre sur Tropique FM, des ondes positives pendant la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Par la même occasion, il pourrait devenir producteur d’une émission sur France TV. C’est ce qui aurait été négocié lors d’un déjeuner qui a eu lieu au mois de septembre avec la cellule outre-mer de l’Elysée. Claudy Siar a toujours nié quelconque marchandage… Que disait-il à Brother Jimmy dans l’émission B. world connection, fin 2008 : « Si on est juste là pour dire, moi je suis le mouvement et je retourne ma veste lorsqu’il faut la retourner, c’est pas la peine. Nous, on a besoin d’avoir d’autres types d’engagement mais ça ne fait pas de Tropique FM une radio d’activistes… On a obtenu une fréquence pour défendre les spécificités identitaires et culturelles des originaires d’outre-mer en France. » Claudy Siar a affirmé récemment à ses salariés de la radio qu’il n’était pas question qu’il influence l’antenne et qu’il laisserait même les commandes de la radio à son frère Eric dès lors qu’il serait nommé. Mais il disait aussi à propos des engagements de campagne de Nicolas Sarkozy pour la discrimination positive : « Le président a promis ça à une partie de la population française ; il faut le leur donner. Et s’il est sur cette voie-là, et bien nous, Tropique FM et les quelques acteurs un peu militants et engagés, nous serons à ses côtés. » On ne peut enlever à Claudy Siar d’être un homme révolté, au sens noble du terme, et qui n’est pas prêt à jouer les doublures. Il devrait prendre ses fonctions le 18 avril, mais on murmure qu’il réclame des locaux plus dignes. FXG (agence de presse GHM)