Malcom X : son assassin libéré fin avril

 Malcom X : son assassin libéré fin avril

Un des trois assassins du célèbre défenseur des droits civiques des Afro-Américains, Malcom X, pourrait être libéré fin avril. Une décision qui remet une fois de plus sur le plateau la version officielle accusant l'organisation Nation of Islam d'être l'auteure du crime. Une version réfutée par certains, mais qui n'efface pas pour autant l'engouement des jeunes générations, quarante-cinq ans plus tard, pour le charisme du leader noir.

21 février 1965, trois hommes armés ouvrent le feu sur Malcom X, le célèbre militant des droits de l'homme, alors qu'il prononçait un discours dans Harlem, devant une nombreuse assistance. Il meurt quelques minutes plus tard, pendant son transfert à l'hôpital, à l'âge de 39 ans. 

Quarante-cinq ans plus tard, l'un des assassins, Thomas Hagan − qui avait reconnu, un an après, avoir tué le charismatique prêcheur afro-américain −, a vu le 3 mars sa 17e demande de libération acceptée par le tribunal. Il bénéficiait depuis 22 ans d'une semi-liberté, lui permettant de travailler la semaine avant de retourner séjourner en prison le week-end. « Sa possible remise en liberté est programmée pour le 28 avril », a indiqué vendredi Marc Violette, porte-parole des autorités judiciaires de New York chargées des libérations conditionnelles, selon l'AFP.

 
Thomas Hagan, 69 ans, était membre de l'organisation Nation of Islam (NOI), dont Malcom X avait été l'une des figures les plus influentes pendant plus d'une dizaine d'années.

Malcolm X,portrait :

 

« What is looked upon as an American dream for white people, has long been an American nightmare for black people. »  Ce qu’on considère comme le rêve américain pour les Blancs a longtemps été un cauchemar pour les Noirs.
© Ted Russell/Time Life Photos
Malcolm X a tenu ces propos peu de temps avant son assassinat le 21 février 1965, il y a 43 ans. Son talent d’orateur et son engagement inconditionnel en faveur des droits de la population noire américaine ont fait de Malcolm X une véritable idole de son temps. Dans les meetings et les médias, il disait tout haut ce que beaucoup de Noirs pensaient tout bas : à savoir qu’ils devaient bénéficier des mêmes droits que les Blancs, qu’ils étaient opprimés et qu’ils devaient se défendre :

« Whether you are a Christian, a Muslim or a nationalist, we all have the same problem: They don't hang you, because you are a Baptist, they hang you, because you are black. » 
« Que vous soyez chrétien, musulman ou nationaliste, votre problème est le même : ils ne vous pendent pas parce que vous êtes baptiste, mais parce que vous êtes Noir. » 

 
Pour la société américaine des années soixante, c’était-là des paroles terribles. Les Noirs n’avaient pas le droit d’aller dans les mêmes écoles, les mêmes universités, les mêmes restaurants ni dans les mêmes églises et les mêmes hôtels que les Blancs. 

Malcolm X alias Malcolm Little est né le 19 mai 1925 à Omaha, dans le Nebraska. Le jeune garçon de la campagne apprend rapidement les règles du ghetto, tombe dans la délinquance, devient souteneur avant d’atterrir en prison. Il y apprend à lire et à écrire, il adhère à la « Black Nation of Islam » – un groupement islamiste et raciste qui est convaincu de la supériorité de la race noire. A partir de là, il s’appelle Malcolm X – le « X » témoignant qu’il ignore le nom de ses ancêtres déportés en Amérique par des esclavagistes : 

« In fact I’m a Black Nationalist freedom fighter ...  »



© UPI/Bettman Corbis
Malcolm X se définit comme un « combattant pour la paix » et un « nationaliste noir ». Contrairement à Martin Luther King, il ne lance pas des appels à la non-violence. Il raille publiquement le rêve de ce dernier – l’intégration des Noirs dans la société nord-américaine. Il réclame l’indépendance économique des Noirs et appelle ces derniers à se rebeller contre la discrimination raciale dominante. L’écrivain Alex Haley dira de lui : « Malcolm‘s biography is ... tremendous capacity for loving. » (La biographie de Malcolm a été marquée par… son immense aptitude à aimer).

La vie de Malcolm X, dramatique au possible, a excité l’imagination et suscité l’intérêt de l’opinion publique. 
A la suite d’un commentaire polémique à propos de la mort de John F. Kennedy, il se brouille avec le leader de « Black Nation ». Malcolm X quitte cette organisation mais reste musulman, fait un pèlerinage à la Mecque et change de nom pour Hadschi Malik El-Shabazz. Vers la fin, il révise ses objectifs politiques : « Aujourd’hui, mes amis sont noirs, marron, rouge, jaune et blancs », ... avoue Malcolm X peu de temps avant son assassinat. Le 21 février 1965, il tient un discours à Harlem – le dernier – lorsque s’élancent brusquement vers lui trois Noirs, qui seront identifiés par la suite comme appartenant au groupe « Black Muslim ».

Touché par plusieurs balles, Malcolm X s’effondre. Il est aujourd’hui encore impossible de dire si et dans quelle mesure la « Nation of Islam » infiltrée par les services secrets américains et le FBI était impliquée dans cet assassinat. Beaucoup de Noirs américains croient encore à une conspiration, ils pensent que Malcolm X aurait été assassiné sur l’ordre du FBI. Mais les motifs et les circonstances de sa mort n’ont jamais été vraiment élucidés. 

MM