Un passé qui pèse lourd sur la société américaine
L'esclavage jusqu'à la fin de la Guerre de Sécession en 1865, l'émergence et les attaques du Klu Klux Klan, la ségrégation jusque dans les années 1960, les émeutes raciales qui éclatent régulièrement... Les Etats-Unis ont un lourd passif en matière de relations ethniques. Ils pensaient en avoir laissé une grande part derrière eux le 4 novembre 2008 en élisant pour la première fois à la plus haute fonction du pays un afro-américain. Le rêve de Martin Luther King semblait se réaliser. Mais un an à peine après l'élection de Barack Obama, il semblerait au contraire que ce dernier soit de plus en plus souvent la cible d'attaques à caractère raciste.
Des manifestations populaires virulentes et ambiguës
Surnommées "tea parties" en souvenir de la rébellion de 1773 contre la domination anglaise, les manifestations contre la politique d'Obama se sont multipliées ces derniers temps. Au milieu des revendications politiques, on a pu y voir des caricatures du Président en serpent ou encore en sorcier africain avec un os dans le nez. A l'origine de ces rassemblements, on trouve Glenn Beck, un commentateur politique qui a qualifié Obama de "personne avec une haine profondément ancrée des Blancs et de la culture blanche." Ses supporters ont multiplié les accusations infondées, comme celle de vouloir profiter de la réforme de la Sécurité Sociale pour favoriser la communauté noire au détriment de la population blanche.
Des rumeurs malsaines qui ont la vie dure
Nées au moment des primaires américaines et colportées depuis sur Internet, des rumeurs sur la nationalité et la religion de Barack Obama sont récemment devenues plus virulentes. Certains, comme sur cette affiche, prétendent que le Président serait né au Kenya et qu'il aurait falsifié son certificat de naissance. D'autres encore, affirment qu'il serait musulman en insistant sur son second prénom, Hussein. Ces accusations ont trouvé écho jusque sur la très sérieuse chaîne CNN. A l'heure où le débat fait rage sur la question de l'immigration, les détracteurs les plus extrêmes répandent ces rumeurs, pourtant maintes fois démenties, pour rejeter Obama dans le camp des étrangers indésirables.
Jimmy Carter dénonce l’attitude raciste de l’opposition
Devant l'ampleur de ces attaques, Jimmy Carter est monté au créneau. Dans un discours, l'ancien Président des Etats-Unis a jugé "qu'une part écrasante de l'intense animosité qui s'est exprimée envers le président Barack Obama tient au fait qu'il est noir". Il a ajouté dans une interview accordée à NBC qu'il s'agissait "d'un sentiment partagé par beaucoup de Blancs, pour qui les Afro-Américains ne sont pas qualifiés pour diriger ce grand pays." La romancière Isabel Allende a, à son tour, évoqué un "racisme caché, subliminal" à l'œuvre "surtout chez des personnes âgées, de droite, élevées dans un monde où s'appliquait la ségrégation", et qui sont "profondément irrités par l'idée de voir une famille comme celle d'Obama à la Maison Blanche".
Cet animateur radio ultraconservateur et très influent, est célèbre pour son acharnement contre Obama. Il a diffusé dans son émission une chanson, "Barack, the magic negro", dont les paroles affirment qu'Obama ne doit son succès qu'au sentiment de culpabilité de certains Blancs. Puis il a proposé de revenir à la ségrégation dans les bus scolaires après qu'un élève blanc y a été frappé par des élèves noirs. Récemment, il n'a pas hésité à comparer Obama à Hitler. L'idée a fait florès, puisque Lyndon Larouche, un politicien marginal, a édité des posters d'Obama avec une moustache à la Hitler ou en uniforme nazi. Un moyen douteux de légitimer leurs propres attaques racistes.
Rush Limbaugh ou les dérapages d’un conservateur influent
Cet animateur radio ultraconservateur et très influent, est célèbre pour son acharnement contre Obama. Il a diffusé dans son émission une chanson, "Barack, the magic negro", dont les paroles affirment qu'Obama ne doit son succès qu'au sentiment de culpabilité de certains Blancs. Puis il a proposé de revenir à la ségrégation dans les bus scolaires après qu'un élève blanc y a été frappé par des élèves noirs. Récemment, il n'a pas hésité à comparer Obama à Hitler. L'idée a fait florès, puisque Lyndon Larouche, un politicien marginal, a édité des posters d'Obama avec une moustache à la Hitler ou en uniforme nazi. Un moyen douteux de légitimer leurs propres attaques racistes.
L’étrange humour de Berlusconi
En 2008, Silvio Berlusconi avait choqué la communauté internationale en s'amusant du "bronzage" d'Obama. Il vient de récidiver, en incluant cette fois Michelle, la femme du Président : "Vous ne le croirez pas, mais ils sont deux à être allés à la plage pour prendre le soleil parce que même sa femme est bronzée !". Cet humour douteux a fait des émules puisqu'un ancien élu républicain, Rusty DePass a déclaré sur Facebook, en réponse à la nouvelle, qu'un gorille venait de s'échapper du zoo de la ville : "Ce doit être un ancêtre de Michelle." Sous le feu des critiques, il a assuré que la plaisanterie faisait référence à une récente déclaration où la First Lady affirmait que l'homme descend du singe. Mais aucune déclaration de ce type n'a pu être attribuée à Michelle Obama...
Le Président malmené jusque dans l’enceinte du Congrès
Joe Wilson (photo) s'est rendu célèbre en interrompant une intervention d'Obama au Congrès pour hurler "Vous mentez !", le doigt pointé vers le Président. Dans son éditorial du New York Times, Maureen Dowd explique ce manque de respect inimaginable par le racisme latent de certains vieux élus du Sud qui n'acceptent pas d'être dirigés par un jeune Noir du Nord. "Aucun Démocrate ne s'est permis de crier "menteur" à Bush quand il donnait de faux arguments en faveur de la guerre en Irak. Certaines personnes ne peuvent pas croire qu'un Noir est président et ne l'accepteront jamais." En 2000, Joe Wilson avait voté pour le maintien sur la façade du Sénat de son Etat du drapeau confédéré, symbole de la lutte contre l'abolition de l'esclavage...
Les Etat du Sud, l’héritage ségrégationniste de la Guerre de Sécession
Avec ses champs de coton et de tabac dans lesquels s'épuisaient les esclaves, le Sud est le berceau de la ségrégation aux Etats-Unis. A l'issue de la Guerre de Sécession, qui aboutit à l'abolition de l'esclavage, le Sud devient majoritairement démocrate, en réaction au Parti Républicain de Lincoln, vainqueur du conflit. Ce sont des gouverneurs démocrates qui tentèrent d'empêcher des étudiants noirs d'entrer dans les écoles du Sud lors de la déségrégation. Depuis, avec la montée des idées progressistes dans le Parti Démocrate, les vieux électeurs du Sud sont déchirés entre la nostalgie du Sud d'antan et la fidélité à leur parti. La vague pro-Obama les a submergés. Mais, à l'heure des premiers bilans, certains commencent à regretter que l'on ait laissé un afro-américain devenir président.
Le spectre du Ku Klux Klan
Formée dès 1865, cette organisation prône la suprématie de la race blanche sur toutes les autres. Responsable de nombreux lynchages et assassinats jusque dans les années 1960, le "Klan" avait perdu de son "rayonnement" depuis la fin de la ségrégation raciale. Mais le Southern Poverty Law Center, une association vouée à la lutte contre les groupes racistes, a observé une augmentation récente de l'activité de ces groupes et de leur nombre. "Le KKK se renforce en ce moment même.", affirme Anthony Karen qui vient de publier un ouvrage consacré à l'organisation. "Pas seulement à cause de la couleur de peau d'Obama, mais aussi à cause de la crise économique et des dérives du politiquement correct."
Le rêve d’une société post-raciale encore lointain
"En fait, j'étais déjà noir avant l'élection !" Sur le plateau d'un talk-show célèbre, Barack Obama a préféré répondre par la dérision au présentateur qui lui demandait si les récentes critiques étaient dues à sa couleur de peau. Il n'empêche que cette élection, au lieu de restaurer l'unité américaine et d'inaugurer le rêve d'une société "sans couleur", a au contraire, exposé au grand jour toutes les plaies encore ouvertes des États-Unis, toutes les lignes de partage qui divisent le pays, entre Noirs et Blancs, démocrates et républicains, Nord et Sud. La société post-raciale tant espérée est encore loin.Et maintenant que l'état de grâce est passé, Barack Obama doit affronter la crise économique qui constitue, depuis toujours, un terrain fertile pour le racisme.
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