Génocide et LE MYTHE DE THANKSGIVING
Définition et mise en pratique de notre « Civilisation ».
Tandis que nous nous préparons à célébrer une fois de plus ce que les « Américains » US appellent Thanksgiving [« Action de grâces »], accordons-nous un moment de réflexion. Reconnaissons que les récits du premier Thanksgiving sont mythologiques, et que cette fête est en réalité la grotesque célébration de notre arrogant ethnocentrisme, bâti sur le génocide.
Photo : Guerre éclairée et chrétienne au 19e siècle – Massacre de femmes et d’enfants indiens dans l’Idaho, Frank Leslie’s Illustrated, Août 1868
Par Brian Willson – thepeoplesvoice – 28 novembre 2014.
Les indigènes américains des Caraïbes ont accueilli leurs envahisseurs de 1492, avec une chaude hospitalité. Ils étaient tellement innocents que le Génois Christophe Colomb a écrit, dans son livre de bord : « Ils nous ont vendu de bonne grâce tout ce qu’ils possédaient… Ils ne portent pas d’armes… Ils feraient d’excellents domestiques… On pourrait aisément en faire des chrétiens… Avec cinquante hommes, on pourrait les soumettre et leur faire faire tout ce que l’on voudrait. » Cette rencontre venait de déclencher plus de 500 ans de pillage de l’hémisphère occidental, qui allait s’étendre ensuite au reste de la planète. Et qui dure encore !
L’historien Hans Köning en conclut que ce qui caractérise l’Occident, c’est sa persistance, sa capacité à ne s’arrêter à rien. L’historien des cultures Lewis Mumford a déclaré « Là où est allé l’homme occidental, l’esclavage, le vol de terres, le non-droit, le saccage des cultures et l’extermination pure et simple des bêtes sauvages et des hommes paisibles ont marché sur ses pas. »
Sautons 129 ans : nous sommes en 1621, année du premier Thanksgiving supposé. L’événement n’est pas très documenté. Apparemment, une fête de trois jours, mais les Indiens qui y ont survécu ne croient pas au mythe. Les indigènes, alors, mouraient déjà comme des mouches, grâce aux maladies apportées par les Européens. La tribu des Pequot, dans ce qui est aujourd’hui le Connecticut, comptait, selon les comptes-rendus de l’époque, 8.000 âmes, quand les Pèlerins arrivèrent sur leur territoire, mais les maladies d’importation en avaient déjà tué 1.500 en 1637, quand eut lieu le premier Thanksgiging officiellement proclamé. Lors de cette fête, les Blancs de la Nouvelle Angleterre célébrèrent leur massacre des Pequots, dans la vallée du Connecticut où la rivière Mystic se jette dans la mer.
Les Indiens étaient en train d’y célébrer, par des danses, leur fête annuelle du printemps, celle du blé en herbe. Ce devait être la dernière de leur histoire.
William Bradford, ex-gouverneur de Plymouth et un des chroniqueurs de la supposée fête de 1621, était sur place lors de l’indescriptible massacre de 1637. Il l’a décrit comme suit dans son Histoire de la Plantation Plymouth (ca 1647) : « Ceux qui échappèrent au feu furent massacrés à l’épée, certains taillés en pièces, d’autres transpercés à la rapière, de sorte qu’ils furent rapidement expédiés et que peu s’échappèrent. Ce fut un spectacle effrayant que de les voir ainsi rôtir dans le feu… Horrible en était l’odeur, la puanteur… mais la victoire leur parut un doux sacrifice, et ils en rendirent grâce à l’œuvre de Dieu, qui leur avait été si merveilleusement favorable, en permettant que leurs ennemis tombent, ainsi encerclés, dans leurs mains, et en leur assurant une victoire aussi rapide. »
Les autres Blancs pensaient de même. «Ce jour sera désormais un jour d’action de grâces pour marquer la victoire sur les Pequots», disait la proclamation du gouverneur du Massachusets, John Winthrop. Le jour du Thanksgiving authentique et proclamé était né. Très peu de Pequots survécurent.
Le commandant anglais John Mason a déclaré que l’attaque contre les Pequots était l’acte d’un Dieu qui « s’est moqué de Ses ennemis et des ennemis de Son peuple en faisant (des Pequots) une fournaise ardente… Ainsi, le Seigneur a-t-Il jugé les païens, en emplissant (la Mystic) de leurs corps morts». Les guerriers Narangansett et Mohicans qui accompagnaient les Anglais furent horrifiés par ces actes et par « la manière dont les Anglais combattent… parce qu’elle est trop furieuse et qu’il y a trop de morts». Ces Narangansett retournèrent chez eux et ne participèrent plus à la guerre. Mes remerciements à http://forquignon.com/ pour les images.
La plupart des historiens pensent qu’à peu près 700 Pequots furent massacrés à la Mystic. Beaucoup des prisonniers furent exécutés, et les femmes et les enfants qui survécurent furent vendus en esclavage dans les Indes occidentales. Les Pequots prisonniers qui ne furent pas tués furent répartis entre les tribus alliées aux Anglais. On considéra le peuple Pequot comme éteint.
Mais l’épitaphe était prématurée. Il en survécut juste assez pour qu’aujourd’hui des Pequots soient propriétaires du Casino et Hôtels Foxwood à Ledyard, dans le Connecticut, d’une superficie supérieure à celle du Pentagone, où le jeu leur rapporte des milliards.
[Une loi fédérale de 1988 donnant le droit aux réserves indiennes d’ouvrir des casinos a révolutionné la vie des Indiens… et celle des Yankees adonnés au jeu. NdGO.]
En avançant encore de 158 ans, nous découvrons une impitoyable campagne, menée au centre de New York en 1779, pendant notre « noble » Guerre Révolutionnaire. Le Congrès Continental était furieux de ce que la majorité des Indiens Iroquois (ceux qui ont inventé la Philosophie de la Septième génération) prenaient le parti des Anglais contre les colonialistes, qui s’établissaient à grande vitesse sur leurs terres. La capitale en pleine expansion de la nation Seneca était Kanadesaga, à la tête du Lac Seneca, dans la région des lacs Finger. Pendant l’été de 1779, le Congrès Continental donna ordre au commandant général de son armée de régler le problème indien. George Washington obtempéra. Il donna ordre au général John Sullivan de tout dévaster… que le pays… soit détruit… que les Iroquois du centre de New York soient réduits par la terreur ; le général Sullivan affirma que « les Indiens verraient qu’il y a assez de méchanceté dans nos cœurs pour détruire tout ce qui contribue à leur subsistance ». Washington déclara : « Notre sécurité future dépendra de leur incapacité à nous nuire et de la terreur que leur inspirera la sévérité du châtiment qu’ils recevront.» (Richard Drinnon, Facing West. The Metaphysics of Indian Hating & Empire Building, New York, Schocken Books, 1990, pp. 331-332). Le général Sullivan avait été sélectionné par George Washington pour s’occuper des tribus qui avaient pris le parti des Anglais pendant la Guerre révolutionnaire. Ceci incluait les tribus Mohawks, les Cayugas, les Onondagas et les Senecas. Cela fut appelé la Campagne Sullivan, et le général Sullivan ne fit preuve d’aucune miséricorde, détruisant au moins 40 villages, dont il incendia les récoltes et les habitations. Cette destructions provoqua l’exode de plus de 5.000 Iroquois, dont beaucoup périrent de faim et de froid pendant les mois d’hiver.
Le général Sullivan avait été sélectionné par George Washington pour s’occuper des tribus qui avaient pris le parti des Anglais pendant la Guerre révolutionnaire. Ceci incluait les tribus Mohawks, les Cayugas, les Onondagas et les Senecas. Cela fut appelé la Campagne Sullivan, et le général Sullivan ne fit preuve d’aucune miséricorde, détruisant au moins 40 villages, dont il incendia les récoltes et les habitations. Cette destructions provoqua l’exode de plus de 5.000 Iroquois, dont beaucoup périrent de faim et de froid pendant les mois d’hiver.
La « victoire » culmina le 7 septembre 1779. La destruction de Kanadesaga et de 40 autres villes [towns] Senecas fut l’œuvre d’une armée de 4.500 hommes, soit presque un tiers des forces totales de l’Armée Continentale. Seule campagne de cette année-là, ce fut une des campagnes de la terre brûlée les plus sauvages de l’Histoire. Tous les vergers et les champs de blé furent détruits, tous les bâtiments furent pillés puis brûlés. Beaucoup des Senecas en fuite furent scalpés puis massacrés. « Après la bataille… les guerriers Indiens… furent scalpés ; le lieutenant William Barton s’amusa même à écorcher deux Indiens à partir des hanches pour en faire deux paires de jambières, une pour lui et une pour son major. » (Morris Bishop, The End of the Iroquois, American Heritage, Octobre 1969, p.78.)
Sautons 162 ans, pour arriver en 1941, année de ma naissance à Kanadesaga, rebaptisée Genève [Geneva] par nos ancêtres européens. Gamin, j’ai collectionné avec délices des centaines de pointes de flèches Senecas que je conservais amoureusement dans une boîte, rangée bien à l’abri dans ma chambre. Un chapitre, dans mon livre d’histoire de cinquième, nous apprenait que « Les Iroquois étaient les Indiens maîtres de l’état, mais qu’à cause de leurs attaques destructrices sur les colonies des frontières, George Washington avait décidé d’envoyer une armée pour écraser les Indiens… ». Les six Nations ne se remirent jamais de ce coup. Les Européens en avant et au sommet, toutes !
La Nouvelle République fut fondée en 1789, sa Convention constitutionnelle de 1787 ayant été adoptée dans le plus grand secret, sans jamais avoir été soumise à un vote populaire. Le troisième président US, Thomas Jefferson (de 1801 à 1809) a décrit sa vision d’un « empire de liberté » d’entreprises commerciales et de territoires en expansion. Et, sans aucune autorisation constitutionnelle, il doubla rapidement la surface du jeune pays en achetant la vaste Louisiane à Napoléon Bonaparte pour 15 millions de dollars.
En 1807, il préconisa une guerre préventive. « Si les Anglais ne nous donnent pas ce que nous exigeons, nous prendrons le Canada, qui souhaite entrer dans l’Union, et quand, avec le Canada, nous aurons les Florides, nous n’aurons plus de difficultés avec nos voisins, et c’est la seule façon de les éviter. (William Appleman Williams, The Contours of American History, Cleveland, The World Publishing Company, 1961. P. 192.) D’autres parlèrent ouvertement d’expansion en Amérique hispanique et au Canada, pour la prospérité des planteurs et des marchands, par l’ouverture de nouveaux marchés, disant que les « sages fermiers » patriotes et vertueux, auteurs de la Constitution, étaient « trop avisés pour avoir restreint les pouvoirs du Congrès à la guerre défensive » (ibid. p.194).
Vingt-et-une missions furent construites entre San Diego et Sonoma, sur les terres les plus fertiles, par les esclaves des missionnaires catholiques. Les soldats, aidés par des frères capturèrent des Chumaches et les attachèrent aux missions, sous l’autorité des frères, qui ne leur donnèrent que de quoi se nourrir et se couvrir. Beaucoup souffraient de malnutrition, et il y avait plus de décès que de naissances.
Vingt-et-une missions furent construites entre San Diego et Sonoma, sur les terres les plus fertiles, par les esclaves des missionnaires catholiques. Les soldats, aidés par des frères capturèrent des Chumaches et les attachèrent aux missions, sous l’autorité des frères, qui ne leur donnèrent que de quoi se nourrir et se couvrir. Beaucoup souffraient de malnutrition, et il y avait plus de décès que de naissances.
Après avoir déménagé dans le comté de Humboldt, en Californie du Sud, au début des années 2000, j’en ai également étudié l’histoire avec soin. La ruée vers l’or de 1849 y a provoqué un afflux massif de mineurs et de colons blancs, qui a conduit à la quasi extinction des Indiens de Californie vers 1865-70. Entre 1853 et 1861, il y a eu au moins quatorze guerres contre les Indiens de Californie, à coups de campagnes paramilitaires, qui se sont poursuivies jusque tard dans les années 1860. La population, qui avait été estimée à ± 700.000 personnes était tombée à 100.000 en 1849, en partie à cause de l’esclavage dans les missions catholiques, commencé en 1769. Entre 1849 et 1860, la population a décru de 65% pour arriver à 35.000 personnes, par suite des massacres systématiques. (Russell Thornton, American Indian Holocaust and Survival : A Population History since 1492, Norman University of Oklahoma Press, 1987. p. 109). On peut trouver une liste des atrocités commises contre les Indiens en Californie, y compris un grand nombre dans ce qui est aujourd’hui le comté de Humboldt, dans Sherburne F. Cook, The Conflict between the California Indian and White Civilization (Berkeley University of California Press, 1976.)
De 1857 à 1860, l’auteur-poète Bret Harte a écrit pour le Northern Californian et le Humboldt Time. Bret a été au courant du massacre de 188 Indiens Wiyot, sur l’Île Indienne, dans la baie de Humboldt, près d’Eureka, le 25 février 1860, massacre auquel ne survécut qu’un seul enfant Wiyot. Dans l’histoire qu’il a rapportée, sous le titre « Massacre aveugle d’Indiens. Une boucherie de femmes et d‘enfants », on trouve ceci : « Les petits enfants et les vieilles femmes ont été tués sans pitié, à l’arme blanche, et leurs têtes éclatées à coups de haches. Quand les corps ont été débarqués à Union (aujourd’hui Arcata), jamais un spectacle aussi scandaleux et révoltant n’a frappé les yeux d’un chrétien civilisé. Des vieilles femmes, toutes ridées et décrépites, baignant dans leur sang, leur cervelle sortie et mélangée à leurs longs cheveux gris. Des enfants d’à peine un empan de long, leurs visages lardés de coups de haches et leurs corps laissant voir des blessures atroces » (Northen Californian, vol.2, n° 9 – 29 février 1960 – p.1.). Harte dut s’enfuir pour échapper aux Blancs qui voulaient le lyncher.
En Californie comme ailleurs, des hordes de colons blancs de la frontière, de spéculateurs, d’arpenteurs et de toutes sortes d’opportunistes, établissaient des colonies permanentes au fur et à mesure de leur progression vers l’ouest, depuis leur départ des colonies atlantiques, surtout après la fin de la Guerre de Sept ans, en 1763. Des milliers de meurtres d’indigènes furent fièrement revendiqués par colons, investisseurs et spéculateurs, engagés dans des activités équivalentes à celles des escadrons de la mort paramilitaires d’aujourd’hui, opérant en dehors des canaux « officiels », c’est-à-dire agissant en parallèle ou en-dehors des juridictions des troupes fédérales.
Lorsque l’Empire s’étendit au-delà de la « Destinée Manifeste du Continent », les Philippines furent une des premières victimes de la guerre US. L’ordre infâme donné, en 1901, par le général Jacob H. Smith « Tuez tout ce qui a plus de dix ans ! » servit de titre à l’image publiée par le New York Journal, le 5 mai 1902. La « Vieille Gloire », drapée autour d’un bouclier américain, était surmontée d’un vautour en guise d’aigle, et la légende, sous l’image, disait « Criminels parce que nés dix ans avant que nous prenions les Philippines ». Le général Smith avait ordonné « Je ne veux pas de prisonniers. Je veux que vous tuiez et que vous brûliez. Plus vous tuerez et plus vous brûlerez, plus vous me plairez ! Je veux que vous fassiez de Samar un désert absolu.» On a évalué le nombre des victimes de ce massacre entre 2.000 et 50.000…
Lorsque l’Empire s’étendit au-delà de la « Destinée Manifeste du Continent », les Philippines furent une des premières victimes de la guerre US. L’ordre infâme donné, en 1901, par le général Jacob H. Smith « Tuez tout ce qui a plus de dix ans ! » servit de titre à l’image publiée par le New York Journal, le 5 mai 1902. La « Vieille Gloire », drapée autour d’un bouclier américain, était surmontée d’un vautour en guise d’aigle, et la légende, sous l’image, disait « Criminels pour être nés dix ans avant que nous prenions les Philippines ». Le général Smith avait ordonné « Je ne veux pas de prisonniers. Je veux que vous tuiez et que vous brûliez. Plus vous tuerez et plus vous brûlerez, plus vous me plairez ! Je veux que vous fassiez de Samar un désert absolu.» On a évalué le nombre des victimes de ce massacre entre 2.000 et 50.000…
La guerre préventive sous forme de terrorisme à l’encontre de populations civiles ordonnée par le gouvernement et menée par une armée de jeunes mâles ou des forces paramilitaires est une particularité à 100% américaine. Cette politique s’est manifestée de tout temps dans l’histoire des États-Unis, rationalisée par notre conviction d’être un peuple « exceptionnel ». Nous sommes dans le déni le plus total de nos origines arrogantes, racistes et génocidaires. Des valeurs plus rédemptrices se sont parfois manifestées, telles que la désobéissance civile et des vagues de manifestations politiquement progressistes. Mais les structures politiques et économiques restent oligarchiques avec intransigeance. En termes simples, nous restons une société impérialiste de ploutocrates mâles, soutenue par des masses obéissantes de consommateurs et de travailleurs.
En mettant à nu les secrets de notre société (une oligarchie vouée à l’exploitation égoïste) et en nous rendant compte que ces secrets ont servi de masque à notre mythe social (une démocratie vouée à la justice et à l’égalité) nous pouvons aider à catalyser une révolution des consciences. En reconnaissant qu’obéir à notre système nous tue et tue la capacité de la planète à nous héberger, est un premier pas vers le déclenchement des forces nécessaire, pour nous permettre de nous diriger rapidement vers une société basée sur l’entraide, dans laquelle des communautés durables puissent être construites et nourries au niveau local.
Il nous reste encore à nous colleter avec l’holocauste d’origine, qui continue à servir de définition et de pratique à notre « civilisation ». Embrasser ce fantôme pourrait provoquer un changement soudain et radical, en nous libérant de la nécessité de dépenser inconsciemment d’incroyables sommes d’énergie pour cacher notre honte. Partager le chagrin de ce que nous avons fait aux autres et à nous-mêmes pourrait nous apporter un soulagement infini.
https://www.popularresistance.org/genocide-and-the-thanks…
Source : http://www.thepeoplesvoice.org/TPV3/Voices.php/2014/11/28…
Traduction c.l. pour Les Grosses Orchades