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Histoire de l'esclavage en Martinique
A SAVOIR PAR TOUS !
Avant 1635 : Colonisation par les Français. L’esclavage est aboli sur la terre de France.
Pierre Belain d’Esnambuc , ancien corsaire normand est envoyé dans les colonies par la compagnie des Iles d’Amérique dont un des principaux actionnaires était le Cardinal de Richelieu.
Richelieu est l’un des pères fondateurs de la colonisation française.
1635 : Colonisation de la Martinique par d’Esnambuc.
1639 : La compagnie autorise l’importation d’engagés (les travailleurs français qui s’engageaient pour 36 mois) d’une part et des esclaves achetés sur les côtes d’Afrique d’autre part.
Le tabac est fabriqué en Martinique et nécessite donc peu de main d’œuvre faite essentiellement du concessionnaire (celui à qui on a donné le terrain sous forme de concession) et des engagés. Au bout de 36 mois, les engagés demandaient à leur tour une concession.
1640 : La compagnie a des difficultés et vend l’île à Dyel Duparquet, un seigneur normand. Les Indiens caraïbes sont les alliés de Duparquet. Un édit du Roi interdit leur mise en esclavage pour des raisons stratégiques.
A l’époque, très peu d’esclaves sont sur les plantations martiniquaises. (environ quelques dizaines).
1645 : Des colons Juifs Hollandais, expulsés du nord-est Brésilien par les Portugais, passent en Martinique où ils apportent les secrets de fabrication du sucre.
La culture de la canne à sucre remplace celle du tabac aux Antilles et fait la fortune de la Martinique au XVIIIe siècle. Avec les premières techniques de distillation du jus de canne, améliorées par le Père Labat dès 1694, s’ouvre l’ère de l’alcool.
Les premières sucreries sont montées en Martinique, les capitaux sont fournis par les marchands des différents ports de France et de la région parisienne.
On se rend compte rapidement que la main d’œuvre engagée est insuffisante pour permettre le développement de la production sucrière. Les négociants et capitaines des navires poussent donc à l’utilisation d’esclaves.
La traite régulière s’organise d’abord avec les Hollandais puis ensuite avec les Français qui montent la compagnie du Sénégal. Celle-ci obtient les primes du Roi de France (Louis XIV) pour chaque tête d’esclave introduite en Martinique.
L’île de Gorée, au large de Dakar, sera l’un des lieux de concentration de la traite française qui part du Havre, de Nantes, de la Rochelle …
La pacotille est échangée contre des esclaves aux trafiquants de la côte des esclaves (du Sénégal jusqu’au Nigeria actuel).
Le 20 Octobre 1670 : Une ordonnance sur l'instruction criminelle fut rendue, laquelle décrétait que "Nul n'avait le droit de mutiler la chair et répandre le sang des esclaves"
Cette ordonnance ouvrait la voie d'une novelle législation.
Le 11 Novembre 1673 : Louis XIV accordait le premier privilège au commerce de la traite.
En 1674 : Louis XIV rend la traite libre sur tout le territoire africain.
En 1676 : Louis XIV participe personnellement à ce traffic par le biais d'un traité passé avec Jean Oudiette.
1685 : Colbert, ministre de louis XIV, synthétise dans un texte sous le nom de "code noir" l’ensemble des instructions concernant les esclaves dans les colonies.
1685-1717 : La Martinique se couvre de sucreries. L’île est revenue dans le domaine Royal.Il faut environ entre 2 et 3 esclaves par hectares plantés en canne. La Martinique a plus d’esclaves que de colons. L’un des problèmes auxquel est confronté le système esclavagiste est double : d’une part il existe une résistance des esclaves sous toutes ses formes (révoltes, empoisonnement, suicide…) et d’autre part le problème de l’équilibre du ratio entre les hommes et les femmes pour permettre la naissance d’esclaves. Il faut donc importer des femmes. Le statut des enfants suit le sort de la mère : un enfant né d’une mère esclave et d’un père libre deviendra esclave.
Le 3 Juin 1712 : Une ordonnance renouvela les prescriptions sur la nourriture et l'entretien des esclaves et porta "interdiction aux maîtres d'appliquer la torture".
1715 : Plus de 1400 expéditions régulières partent de Nantes.
1717 : Révolte des blancs appelée " Gaoulé " contre le gouverneur et l’intendant qui sont renvoyés au régent. Le port de Nantes va être autorisé à s’occuper du trafic de traite des esclaves.
Le 9 Août 1777 : Une déclaration du Roi renouvelle l'interdiction d'amener dans le royaume aucuns noirs, mulâtre, ou autres gens de couleurs, de l'un ou l'autre sexe, sous peine de 3000 livres d'amende, et de renvoyer aux colonies les noirs et mulâtres qui se trouvent dans le royaume.
Le 9 Février 1779 : Un réglement fit interdiction expresse aux gens de couleur libres de s'habiller comme des blancs.
Le 6 Novembre 1782 : Une ordonnance du Roi vint interdire, aux curés et officiers public de qualifier aucunes personnes de couleur libres du titre de "sieur et de dame".
Le 26 Octobre 1784 : Le Roi accorda une prime de quarante livres par tonneau aux armateurs de navires pour la traite, et une prime de soixante livres, par têtes d'esclaves introduit en Guadeloupe et en Martinique.
1787-1788 : La Martinique sert de point de passage du ravitaillement en armes des insurgés américains contre les Anglais.
1789 : Révolution française.
A la suite des pressions organisées par la société des amis des noirs et d’humanistes comme l’Abbé Grégoire, la convention proclame l’abolition de l’esclavage.
La Martinique ne reconnaîtra pas l’abolition contrairement à la Guadeloupe car le groupe de colons mené par Dubucq va être occupé par les Anglais.
Les 13, 15 et 29 Mai 1791 : Avant sa séparation, l'Assemblée Constituante décreta que les gens de couleurs, nés de pères et de mères libres, et ayant les qualités requises, jouiraient des droits des citoyens actifs et seraient admis comme les blancs, dans les assemblées paroissiales et coloniales.
Le 30 Septembre 1791 : L'Assemblée Constituante fit place à l'Assemblée Législative.
Le 24 Mars 1792 : L'Assemblée Législative émit un décret stipulant que l'on procéda sur le champ à la réélection des Assemblées Coloniale et des Municipalités et que tous les hommes libres de toutes couleur pourraient être admis à voter dans les Assemblés Paroissiales et seraient éligibles à toutes les places. Quatre commissaires furent nommés pour les Îles du Vent, avec le pouvoir de ramener l'odre et la paix par tous les moyens.
Le 11 Août 1792 : L'Assemblée Législative supprime la prime d'encouragement à la traite, accordée par le Roi Louis XVI, en 1784.
1793 : Le vicomte Donatien-Marie-Joseph de Rochambeau est envoyé en Martinique, comme gouverneur (ne pas confondre avec le Maréchal de France JB de Rochambeau). Les Anglais essayent d’occuper l’île et Rochambeau mobilise les milices pour résister et incorpore des esclaves dans ses troupes en leur promettant la liberté s’ils se comportent comme des soldats.
On appelera ces esclaves sous la restauration après 1818 "les libertés Rochambeau" et parfois "libres de fait" ou "libres de Savane".
Comme pendant la révolution il est impossible d’exporter les sucres vers la France en pleine guerre révolutionnaire et d’importer la nourriture nécessaire en particulier aux esclaves, ces derniers doivent se débrouiller eux-mêmes pour planter ce qu’ils vont manger. La pression des maîtres sur eux diminue.
Janvier 1794 : Les républicains acceptent de faire appliquer plus franchement la loi égalitaire votée en mars 1792 par la législative. La majorité des libres de couleur change de camp, pendant que leurs anciens alliés négocient la remise de l’île à l’Angleterre. Après la capitulation de mars 1794, les défenseurs de la République sont déportés par les anglais.
Le 4 Février 1794 : Abolition de l'esclavage, votée par la Convention.
Elle est restée sans effet en Martinique, du fait qu’elle soit occupée par les anglais.
C’est la différence avec la Guadeloupe où l’esclavage a été aboli par Victor Hugues, commissaire de la République.
Le 25 mars 1802 : Le traité d'Amiens rend l'île à la France et l ’esclavage est rétabli par Napoléon 1er.
Le 20 Mai 1802 : Napoléon Bonaparte qui dirige la France et l'Empire colonial, rétablit l'esclavage et la traite des noirs conformément aux lois de 1789.
Le 2 Juillet 1802 : Un arrêté renouvelle la déclaration royale de 1777, interdisant le territoire continental aux individus de couleur et l'aggravant par la peine de la déportation.
Le 19 Février 1803 : Un arrêté met en vigueur dans les îles, le Code de la Louisiane. Un article de ce code interdit le mariage entre blanc et noir.
1814-1830 : La majorité des Blancs estime que seuls un régime inégalitaire ignorant la séparation des pouvoirs et le système représentatif permettront la survie de la colonie. Lors de la rédaction de la Charte de 1814, ils obtiennent le rétablissement provisoire des institutions de l’Ancien Régime. Sans précipitation, les gouvernements de la Restauration s’efforceront d’amener les colons à accepter le droit commun.
Le 8 Février 1815 : Lord Castlereagh, au nom de l'angleterre, fit signer aux représentants français, ainsi qu'à d'autres représentants de divers pays, réunis au congrès de Vienne, l'abolition de la traite des esclaves, comme "contraire aux principes d'humanité et de morale universelle".
1822-1826 : La dégradation de la situation économique liée à la taxation des sucres à l’entrée en France, puis au début de l’industrie betteravière, entraîne des résistances. En même temps, hommes libres de couleur et esclaves sont suspectés de tendances séparatistes. On prétend que l’usage du poison ferait partie de leurs arguments.
Au mois d’octobre, des demi-libres se révoltent au Carbet. Les accusations de subversion portées en décembre 1823 contre Bissette, un cadre de couleur, et les déportations massives opérées en 1824 pour décourager les velléités de réformes égalitaires du gouvernement, n’empêchent pas le système représentatif de réapparaître en 1826, sous forme d’un Conseil général, élu par une très petite minorité. Cependant, deux ans après, la réforme judiciaire échoue.
Le 25 Avril 1827 : une prescription est faite aux tribunaux, d'agir sévèrement contre ceux qui se livrent à la traite.
1830-1848 : Le sucre perd un tiers de sa valeur pendant que l’amélioration du sort des esclaves exige des dépenses croissantes.
Dans les habitations, le remplacement de la houe par la charrue allège le travail. Les premiers moulins à vapeur n’amènent pas de changements.
Le 2 Novembre 1830 : L'affranchissement moral de la classe des gens de couleur libres est promulgué; abolissant les réglements qui leurs ôtaient les droits de citoyen, en les assimilant pleinement à la classe blanche. Néanmoins, l’égalité reste limitée.
La préparation des élections au Conseil colonial qui remplace le Conseil général développe l’agitation.
Le 8 Mars 1832 : Une loi déclara libres, les noirs qui seraient trouvés à bord de navires négriers.
Le 12 Juillet 1832 : Une Loi simplifia les formalités pour l'affranchissement des esclaves.
Le 30 Avril 1833 : Par ordonnance royale, la France abolie les peines de la mutilation et de la marque des esclaves.
Le 28 Aout 1833 : L'Angleterre décrète l'abolition de l'esclavage.
A Paris, des hommes comme Tocqueville, Broglie, Lamartine, Bissette et Schoelcher mènent le même combat abolitionniste.
En Décembre 1833 :dans la paroisse de Grand’Anse (aujourd’hui le Lorrain) où, de plus, les planteurs ont refusé la nomination d’un officier de milice de couleur, une révolte, soutenue par la ville de Marigot, entraîne la dissolution de la milice. L’amélioration du sort des l’esclaves est liée à une reprise démographique qui compense l’arrêt de la traite. Elle annihile en partie les efforts de l’Etat qui, après 26 000 affranchissements, n’a vraiment réussi à régler que le sort des libres de fait, personnes affranchies dont la liberté n’était pas reconnue par l’administration.
Le 29 Avril 1836 : Une ordonnance stipule qu'un habitant des colonies amenant en France, avec lui un esclave del'un ou l'autre sexe, celui-ci serait affranchi selon l'ordonnance du 12 Juillet 1832. La même ordonnance indiquait les noms et prénoms à donner à ces esclaves libérés.
Le 11 Juin 1839 : Une ordonnance royale impose le recensement de tous les esclaves des colonies.
Le 14 Mai 1844 : Le gouvernement présenta à la chambre des pairs, un projet de loi amendant celle du 23 Avril 1833, et attribuant aux tribunaux les manquements aux soins, à l'entretien et, la consommation de violence et de cruauté envers les esclaves.
1845 : La première usine, celle de John Thorp, est créée et engendre de nouveaux rapports de forces en réduisant les habitations des alentours au rôle de fournisseur de cannes. En contrepartie, celles-ci n’ont plus besoin du travail de nuit et leurs revenus augmentent. Mais le besoin d’une main d’œuvre, que l’usine ne pourra trouver facilement que lorsque chacun pourra offrir son travail librement, contribue à faire admettre le remplacement de l’esclave par l’ouvrier.
Le 24 Février 1848 : La révolution entraine la chute de la monarchie de Juillet.
Le 4 Mars 1848 : Le gouvernement povisoire nomme une commission pour l'émancipation et déclare :
"que nulle terre française ne peut plus porter d'esclaves"
Le 27 avril 1848 : Le décret d’émancipation est signé à Paris.
Loin de poursuivre les marrons, les maîtres expulsent les fortes têtes.
Des ateliers en grèves réclament cases, jardins et salaires comme attributs de la liberté.
Victor Schoelcher, secrétaire d’Etat à la marine et aux colonies, est un homme très important à cette période. Il est l’ennemi juré de Bissette qui a refusé de le nommer à la Commission d’émancipation. Ses amis se mobilisent pour faire réparer cette injustice. Des émeutes s’en suivent.
Le 22 mai 1848 : Des capitalistes réclament l’émancipation immédiate. Les abolitionnistes, qui attendaient l’arrivée du polytechnicien de couleur Perrinon, reprennent cette solution à leur compte.
Les émeutes du 22 mai ont provoqué la proclamation de l’émancipation onze jours avant l’arrivée du décret. Les nègres ont brisé leurs chaînes ("Nèg pété chenn").
La révolte trouva son point culminant, avec la lutte armée des esclaves de Saint-Pierre.
Le 23 mai 1948 : Le gouverneur Rostoland proclame l'abolition de l'esclavage.
La décision locale d’abolition permet aux Martiniquais de proclamer leur fierté d’avoir pris leurs affaires en main à un moment crucial.
Le 3 Juin 1848 : Le commissaire général, François Auguste Perrinon, mûlatre de Saint-Pierre et membre de la commission du 4 Mars 1848, arrive en Martinique avec le décret officiel du 27 Avril 1848.
L'article 1er, du décret fut modifié pour les Antilles, en instituant immédiatement l'abolition de l'esclavage, sans tenir compte du délai de 2 mois, initialement prévu pour l'application.
En 1983 : La loi n° 83-550 relative à la commémoration de l’abolition de l’esclavage institue la date retenue par chaque département d’outre-mer comme étant fériée.
La date du 22 mai commémore ainsi par une fête régionale (et non nationale) l'abolition de l'esclavage.
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