Le LKP est mort, vive le LKP !

Le LKP est mort, vive le LKP !

Pointe à Pitre Lundi 19 avril 20I0 CCN/LMD. La dernière édition d u Mika déchainé est déjà dans les kiosques. En guise de « hors d’œuvre, » nous proposons à nos lecteurs l’analyse de  Gladys Démocrite qui s’est interrogée sur « la vie et/ ou la mort » du LKP : Elie Domota appréciera..c’est donc à lire !

gladys democriteBien malin est celui qui peut dire ce qu'est exactement le LKP aujourd'hui.
Il est au mieux, pour les plus optimistes, une nébuleuse informe dont la composition inconnue demeure une matière hautement explosive. Au pire, pour les plus pessimistes, il est mort de sa belle mort, à savoir par effritement de son unité pour cause d'élections régionales.

Eh oui, les élections auront porté un coup fatal au LKP, ou du moins au LKP tel que nous l'avons connu pendant les mobilisations de 2009, c'est-à-dire un LKP uni tout en étant composé des fameuses 49 organisations aussi diverses que variées.
Il est vrai qu'à l'approche des échéances électorales, bon nombre de figures importantes du LKP ont décidé de voguer de leur propres ailes, allant même à contre courant de la ligne LKPienne.
Ainsi Alain Plaisir (de la CTU et du CIPPA) et Jean-Marie Normertin (de la CGTG et de COMBAT OUVRIER), les deux membres les plus éminents du LKP après Elie Domota (faut-il le rappeler?), ont décidé de conduire leur propre liste pour les Régionales.
Tandis que Félix Flémin (du PCG) et Eric Desfontaines (de l'UPLG) ont quant à eux décidé d'intégrer la liste du contestable Eric Jalton.
Et pire encore, Harry Durimel (des VERTS) a opportunément accepté de se rallier à la liste de Victorin Lurel (l'élu local le plus honni et le plus haï par le LKP, celui qui a été décrié comme n'ayant pas soutenu le mouvement social du LKP, celui qui s'est opposé plus que fermement à l'envahissement du Conseil Général, bref l'ennemi local n°1 pour le LKP).
On peut alors, sans se méprendre, affirmer que des graves divergences de fond ont fait jour dans les tréfonds de notre bon vieux LKP, sans qu'un consensus satisfaisant ne se soit trouvé au sein de son unité.

Alors, que faire? Eh bien, tout bonnement se déchirer... Dans les troupes du LKP, les pro-élections ont donc participé activement à la campagne électorale, alors que les anti-élections ont oeuvré à pousser la population à l'abstention.
Certes, le LKP n'a jamais appelé lui-même à l'abstention, même si dans ses meetings, on ne voyait plus ceux qui avaient oser faire le choix d'aller aux élections, et on y répétaient à corps et à cris, que personne n'avait le droit de se réclamer du LKP pendant ces élections.
Pourtant on a largement entendu Elie Domota exprimer sur les ondes TV et Radio et épancher dans les colonnes du France-Antilles son appel, que dis-je, son cri pour l'abstention des Guadeloupéens. Il s'agissait bien sûr du Elie Domota Secrétaire Général de l'UGTG, et bien mal intentionné était celui qui aurait pu le confondre avec le Elie Domota porte-parole du LKP! Oui chers lecteur, les choses étaient clairement identifiées... Mais, j'ai un doute, les deux Elie, n'étaient-ils pas la même et unique personne? Ah, voilà que je m'embrouille moi aussi avec toutes ces histoires...
Pour soutenir Elie, Raymond Gama fondateur du mouvement Nôm (à ne pas confondre avec le Raymond Gama responsable des relations extérieures du LKP et présenté comme l'idéologue du LKP) a aussi sorti son tract appelant à l'abstention. Il y expliquait d'ailleurs avec beaucoup de verve, en quoi les élections en Guadeloupe n'ont jamais servi les intérêts du peuple (noir?) guadeloupéen.
Les militants LKPiens, et plus largement l'électorat guadeloupéen avaient donc le choix entre suivre l'un des membres du LKP qui avait décidé de se confronter aux urnes, et ceux qui avaient décidé (selon la bonne vieille tradition indépendantiste du cru) de bouder les urnes et leur sceau de légitimité démocratique.

Alors devinez qui le peuple guadeloupéen a-t-il choisi de suivre? Eh bien, ni les uns, et encore moins les autres... Le choix s'est porté sur l'ennemi local n°1 du LKP en la personne de Victorin Lurel. Les scores électoraux lilliputiens des figures du LKP, ainsi que les taux d'abstention dans la moyenne pour un 1er tour d'élection régionale ont fini de donner une estocade mortelle au LKP. Ainsi le LKP s'est retrouvé mort ce 14 mars 2010, sans que ses revendications et ses légitimes dénonciations n'aient trouvé de réponses satisfaisantes.

Pourtant, malgré tout cela, le LKP se meut encore. Il convoque des conférences de presse, il envoie des communiqués... Mais pour que nous puissions crier à tue-tête : Vive le LKP, encore faut-il que nous sachions ce qu'est ce nouveau millésimé du LKP post élection régionales...
Or bien malin celui qui peut dire ce qu'est devenu exactement le LKP d'aujourd'hui!


*Gladys Démocrite
est directrice du mensuel « Le Mika Déchainé