Près de deux jours après le séisme, aucun bilan précis du nombre de victimes n’a encore pu être établi. “Nous savons déjà que [les morts] se compteront par dizaines de milliers“, a déclaré, jeudi 14 janvier, la secrétaire américaine d’Etat Hillary Clinton, mais il n’existe aucun décompte pouvant en attester.
Le premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive, avait dit mercredi à la chaîne américaine CNN redouter que le bilan des victimes ne soit “bien au-dessus des 100 000″ morts. La Croix-Rouge haïtienne estime, elle, que le séisme de mardi a fait entre 45 000 et 50 000 morts, ainsi que trois millions de blessés ou de sans-abri. Mais “personne ne sait avec précision, personne n’est en état de confirmer un quelconque chiffre”, a nuancé Victor Jackson, l’un des responsables de l’organisation.
Un appel à la prudence relayé également par le ministre français des affaires étrangères Bernard Kouchner sur France Inter : “L’expérience nous apprend que [les chiffres] sont exagérés dans un premier temps car les gens fuient vers la périphérie et on peut les retrouver après.” Une soixantaine de Français sont “activement” recherchés par les services de l’ambassade de France à Port-au-Prince parce qu’ils se trouvaient, lors du séisme, dans des zones particulièrement “détruites” selon le ministre.
Parmi les victimes avérées se trouvent plusieurs membres du gouvernement haïtien, comme le ministre de la justice, Paul Denis, et le ministre du tourisme, Patrick Delatour. On est sans nouvelles de la ministre de la culture, Marie-Laurence Jocelyn Lassègue, dont le directeur de cabinet a été retrouvé mort, selon Raoul Peck, réalisateur haïtien et ancien ministre de la culture d’Haiti, interrogé jeudi matin sur France Inter.
La mission des Nations unies en Haïti a elle aussi été durement touchée. Trente-six membres de l’organisation ont trouvé la mort selon les dernières informations rendues publiques jeudi par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et environ une centaine de personnes sont encore portée disparues. Le secrétaire général de l’organisation a refusé de confirmer que le chef de la Mission de stabilisation de l’ONU en Haïti (Minustah), le Tunisien Hedi Annabi, était mort, ce qu’avait pourtant annoncé le président haïtien René Préval.
Jeudi, l’Unesco n’avait aucune nouvelle des 14 membres de son personnel travaillant en Haïti. En revanche, les bâtiments du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et du Programme alimentaire mondial (PAM) ont tenu bon, selon le chef du bureau du PAM à Genève, Charles Vincent.